Ciné: Up & Down du Moment
UP
Thank You For smoking
Pitch : Lobbyiste séduisant et ambitieux, Nick Naylor met son charme, son talent et son sourire carnassier au service de la société Big Tobacco pour contrer les ravages de la politique de prévention contre le tabagisme.
De conférence de presse en talk-show télévisé, il défend l'indéfendable, mais a du mal à convaincre son ex-femme qu'il peut être un père modèle pour son fils.
Je recommande vivement ce film, qui laissait présager le pire mais s'en sort bien, ce qui prouve une fois de plus la vitalité de la comédie américaine (on ne compte plus les "petits films"-surprises et les comédies audacieuses). Le film, qui suit donc les pas d'un lobbyiste du tabac qui a toujours le dernier mot, se lance un pari : comment lui faire conserver son talent, sa tchatche et son charme malgré sa mauvaise foi, les causes dégueulasses pour lesquelles il n'arrête pas de lutter et, surtout, les attendus du scénario lambda (retournement moral du héros).
Rien de ce qu'on attend n'a lieu, et le film s'en tire par des pirouettes politiquement incorrectes qui n'ont rien de gratuit puisqu'elles désignent justement le coeur du film : la rhétorique. Certaines scènes sont passionnantes par ce qu'elles disent du langage et de ses effets sur le fonctionnement démocratique. Le film part de rien, d'exemples de tous les jours, pour déboucher sur une vision qui pourrait facilement passer pour cauchemardesque si elle ne baignait dans une atmosphère franchement hilarante. Énergique, sagace: clairement une petite réussite.
DOWN
World Trade Center
Pitch : 11 septembre 2001. Une chaleur étouffante règne dès le lever du jour dans les rues de New York. Will Jimeno, du Port Authority Police Department, se demande s'il ne va pas prendre un jour de congé pour s'adonner à la chasse à l'arc. Il choisit finalement de se rendre au travail et rejoint le sergent John McLoughlin, alors que celui-ci et ses collègues du PAPD commencent leur tournée quotidienne dans les rues de Manhattan. Une journée banale qui commence comme tant d'autres...
Sitôt l'alerte donnée, cinq policiers, dont McLoughlin et Jimeno, se rendent au World Trade Center et s'introduisent dans les Tours jumelles. McLoughlin et Jimeno survivent par miracle à l'effondrement des gratte-ciel. Ils se retrouvent piégés sous plusieurs tonnes de béton, de charpentes métalliques tordues, de verre et de gravats...
Contrairement aux terroristes, Oliver Stone a raté sa cible (elle est bonne, hein ? Mais pas de moi, malheureusement !). A force de vouloir trop éviter le spectaculaire (les collisions des avions dans les tours ne sont mêmes pas présentes dans le film) il se concentre uniquement sur les conséquences. Mais comment les traiter correctement en effaçant les causes qui sont à peine survolées (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots). Il se retrouve ainsi presque hors sujet en parlant exclusivement d'une situation qui pourrait concerner n'importe quelle catastrophe alors que l'attentat du World Trade Center est d'une gravité sans précédents.
La première demi-heure est pourtant marquante, donnant à voir ce que l'on connaît sous un angle inédit (l'effondrement d'une tour vu de l'intérieur…). Mais, passée cette entrée en matière, le cinéaste, pourtant expert en traumatismes ("Platoon") et complots américains ("JFK", "Nixon"), évite toute polémique, en rendant un hommage un peu convenu à l'héroïsme des sauveteurs, lors de cette funeste journée. Dans ce dessein, il se glisse aux côtés de deux policiers, bloqués près d'une journée durant, dans les décombres de l'un des bâtiments, et de leurs familles, rongées par l'attente insoutenable.
Le film n'est pas mauvais, mais a la particularité de faire ressentir au spectateur ce que les rescapés ont dû ressentir : de l'ennui et une envie pressente que cela se termine. Comment peut-on faire un film si décevant à partir d'une histoire pourtant extraordinaire ?
A voir:
Indigènes
Le Grand Meaulnes
Le Parfum
A revoir:
Le diable s’habille en Prada (je vous en avais déjà parlé ici)